Francesco Maglia and his umbrellas on Swiss TV - in French Quand la réputation des parapluies prend l'eau ! |
16 mars 2010 | |
S'il pleut toujours autant, les parapluies bon marché et jetables ont largement supplanté les traditionnels et solides pépins d'antan ! Sur près de 3 millions de parapluies vendus chaque année en Suisse, les 3/4 sont des modèles pliables, pour la plupart produits en Chine et peu coûteux. | ||||||||
Parapluies : du pliable à la Rolls ! Pépin, pébroque, riflard, ombrelle... Autant de déclinaisons pour un seul et bel objet, le parapluie. Rendez-vous à Genève au Coup de Chapeau. Comme son nom ne l'indique pas, c'est l'un des rares magasins spécialisés en parapluies de Suisse! Ici, il y en a pour tous les goûts et à tous les prix. Michel Curchod, responsable au « Coup de chapeau », nous présente certains éléments de sa collection. Dans la famille parapluie, je demande d'abord le grand-père : classique, élégant et solide. « Voici un magnifique parapluie anglais de la maison Briggs, qui est une très ancienne maison anglaise. C'est également une canne sur laquelle on peut s'appuyer sans risque.» Un bel objet qui a un prix : compter de 200 à 300 francs ! Mais dans la famille parapluie, il y a aussi les petits jeunes excentriques. « Voici deux merveilles qui nous proviennent directement de l'empire du milieu. Le premier, qui est le parapluie de tête qui existe depuis une bonne trentaine d'années à mon avis, et que l'on voit toujours. Et puis l'autre, beaucoup plus conséquent. Le parapluie pour amoureux. C'est-à-dire un parapluie double de couple !» | ||||||||
Parapluies: du pliable à la Rolls! (VidÉo) http://www.tsr.ch/tsr/javascript:f=open_win('index.html?siteSect=500010&bcid=742942&vid=11892320&channel=tsr.ch','SupraPlayer',550,550,false);if(f)return true;else return false; | ||||||||
Sans oublier la vieille tante élégante et fantasque venue d'Italie. « Son mât remonte probablement aux années 1960... ça donne un parapluie très long et très agréable à porter sur l'épaule.» Voici encore le sale gosse de la famille; le fameux pliable de dépannage: « Vous avez quelque chose de très souple, qui résiste parfaitement au vent.» Mais, sans conteste, la star de la famille, c'est lui: « Voilà un parapluie de chez Francesco Maglia à Milan.» Fourchettes doublées de tissu, rosette au coulissant, mât en noyer... La grande classe. « Nous sommes très fiers de travailler avec ce genre d'entreprises, qui sont pratiquement les derniers en Europe à soigner tous les détails, vérifier l'origine des pièces...» Alors, pour voir comment se fait un parapluie dans les règles de l'art, direction Milan, où nous sommes accueillis par Francesco Maglia, 5e du nom. Dans la famille, on fabrique des parapluies depuis 1854 ! Et des pépins, on en voit de toutes les formes : «Ici, c'est un échantillon qu'on a fait pour une vitrine... Un parapluie très imperméabilisé... trois couches ! » | ||||||||
« Ici, par exemple, c'est un parapluie bleu et rouge. Alors, j'ai fait la poignée bleue et rouge.... Ca, c'est Francesco, c'est une idée à nous... Il n'y a que nous qui faisons des choses comme ça! » Si les pliables sont le prêt à porter des parapluies, les créations de Francesco Maglia en sont la haute couture...à l'instar de cette petite merveille «Un parapluie de 50 cm, avec la poignée en cerisier...très difficile à trouver. C'est un parapluie de petite taille, comme celui des grands-mères. Je les vends beaucoup au Japon, parce qu'ils sont très petits. » L'art du détail, la qualité de chaque pièce ; c'est la marque de fabrique de la maison Maglia. Ici, point de stock, chaque parapluie est fait à la main et selon les désirs du client. Tissus précieux, regimental, tartan ou jaquard coupés sur mesure ; détails personnalisés ; poignées en mocassin ou bois précieux ; tout est possible chez Maglia. Francesco Maglia nous fait encore découvrir ces mâts faits d'une seule pièce : « ça c'est une spécialité à nous ; érable, châtaigner, bambou. Ici, c'est en érable brillant avec de la corne» Tous les matériaux sont italiens et européens. Seules les baleines sont faites sur mesure en Chine, et montées ici à la main. Et ne parlez surtout pas à Francesco de plastique. « Metallo, metallo. Chez nous, il n'y a pas de la plastique. Thanks god ! » | ||||||||
Cent modèles sortent quotidiennement de cet atelier et partent pour le Japon, la Suisse ou les Etats-Unis, où ils seront vendus de 200 à 300 francs . L'art du détail ne s'arrête pas à la confection. Chaque parapluie est repassé, vérifié et emballé avec soin. Et les 6 employés qui travaillent ici font presque partie de la famille. «J'ai une femme qui a travaillé 64 années chez nous. Gold médaille ! » se souvient Francesco Maglia. Il y avait 120 fabricants de parapluies en Italie. Il ne reste aujourd'hui que 5 ou 6 familles. Francesco et son frère se battent pour perpétuer leur savoir-faire : « ce n'est pas facile à cause des fournisseurs et des prix aussi. Parce que les gens ne vont plus acheter un parapluie à 100 ou 200 ?, lorsque vous avez des parapluies sur la route à 10-12-15 ? ou sur le marché 4 ?, peut-être moins. C'est ça, le problème. » Giorgio Maglia est plus optimiste : « Si on réussit encore à trouver des fournisseurs pour faire ce genre de petites pièces, alors on pourra continuer. Parce que c'est un objet unique. Mon frère parlait des parapluies chinois. Il y en aura toujours. Mais celui qui veut une Ferrari s'achète une Ferrari et ça, c'est la Ferrari des parapluies !! » | ||||||||
Et pour rester compétitif, chez les Maglia, on trouve sans cesse de nouvelles idées. Francesco Maglia nous dévoile son parapluie de voyage : « Ca, c'est un parapluie avec deux vis démontables. On va le mettre dans une valise, en deux pièces et on peut le ramener dans l'avion ! » Francesco est un vrai passionné. « C'est toujours l'amour...moi, mon frère....quand on regarde un parapluie, c'est comme regarder une jeune fille ! » Et sa passion ne s'arrête pas à la porte de son atelier. Il a transformé son appartement milanais en véritable musée : « Je crois que c'est une collection unique. » Et lorsqu'on demande à Francesco quel est son v?u le plus cher : « c'est le futur avec un parapluie contre la pluie, contre tous les problèmes.. Et continuer la tradition du parapluie.» | ||||||||
Le parapluie suisse en voie de disparition Jadis, les bords du lac de Zurich, c'était un peu la Sillicon Valley du parapluie. Rapperswil, Küsnacht, Horgen; la région comptait une dizaine d'usines. Toutes ont disparu il y a une trentaine d'années avec les premiers parapluies d'importation venus d'Espagne et du Portugal. L'usine Strotz est aujourd'hui l'unique survivante de cette industrie : «Voilà, ça c'est un parapluie produit en Suisse, chez nous à Uznach. C'est un parapluie long, automatique, avec un beau tissu satiné qui vient d'Italie, avec une poignée en bois coloré selon le tissu, des baleines renforcées pour qu'il tienne très longtemps.» Edgar Strotz dirige cette usine avec son frère. L'entreprise a été fondée par leurs aïeux en 1851 et compte aujourd'hui vingt-deux employés. Ici, on fait uniquement de l'assemblage: découpe et couture des tissus, puis montage du parapluie. | ||||||||
Le parapluie suisse en voie de disparition (VidÉo) http://www.tsr.ch/tsr/javascript:f=open_win('index.html?siteSect=500010&bcid=742942&vid=11892321&channel=tsr.ch','SupraPlayer',550,550,false);if(f)return true;else return false; | ||||||||
«Il y a beaucoup de choses qui sont faites à la machine et d'autres choses qui sont faites encore à la main. Comme vous voyez, ici on attache la couverture à la monture toujours à la main.» Aujourd'hui, le parapluie « swiss made », ce sont des poignées italiennes, des tissus européens et des montures chinoises. «On n'a plus le choix, c'est seulement en Chine qu'il y a encore des productions de monture en métal comme ça. Toute la production européenne a disparu.» Près de 10'000 parapluies sont fabriqués ici à Uznach chaque année. Une production en chute libre. Il y a 15 ans, elle était dix fois plus importante, allant jusqu'à 100'000 pièces ! « On est les derniers fous à produire des parapluies en Suisse. » s'exclame Edgar Strotz. « Pourquoi fous ? Parce que ce n'est pas un business rentable.» | ||||||||
Si peu rentable que les deux frères ont dû s'adapter, se diversifier et se lancer dans le pliable. «Vu que le marché a tellement changé, on importe et on produit des parapluies en Chine, aussi sous le nom de Strotz. Nous avons une petite usine en Chine qui est contrôlée par nous. On y achète des parapluies déjà terminés, comme pièces d'importation.» Un pliable de qualité fabriqué en Chine coûte à l'entreprise environs 8 francs, transport compris. En Suisse, ce serait 4 fois plus cher. Le calcul est vite fait. «Ca, c'est le parapluie le plus vendu en Suisse, un petit pliable, qui est plat, léger et qui est produit en Chine. Vous voyez, il y a beaucoup de pièces détachées là dedans, entre deux et trois cent pièces. Et c'est très délicat à produire ». Des parapluies chinois de ce genre, Strotz en importe 600'000 par année ! C'est devenu la principale activité de l'entreprise. Un tiers de ces importations sont des parapluies publicitaires, un créneau porteur pour cette industrie en crise. « Là, on fait des parapluies longs, des parapluies pliables. Avec le logo du client selon ses demandes.» Pour perpétuer la tradition régionale et ce savoir-faire familial, Edgar Strotz affirme ne pas avoir le choix : «Les 600'000 parapluies qu'on importe, ça me permet de continuer de produire des parapluies ici, en Suisse. Sans cela, ça serait impossible.» Ironie du sort, le pliable chinois a presque achevé le parapluie suisse... Mais c'est peut-être aussi lui qui le sauvera ! | ||||||||
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